Affaire Robbie: Agressions sexuelles ou jeux sado-masochistes?

Ça fait plus de 72 heures que la toile guinéenne s’enflamme autour d’un presumé cas de viol perpétré par un journaliste dans la trentaine sur une jeune femme de 19 ans.
En tant qu’ONG qui mène la lutte contre les violences basées sur le genre et singulièrement les agressions sexuelles/Viol, nous sommes très concernés par cette accusation portée par demoiselle “B”.

Nous nous sommes retenus de tout commentaire, remarque ou condamnation d’une des deux parties pour laisser le temps aux enquêtes d’évoluer. Il est à rappeler que les enquêtes préliminaires sont des processus qui permettent à un officier de la police judiciaire d’établir les faits et de le transférer à un tribunal.  Les enquêtes preliminaires comprennent entre autre: la plainte, la convocation, les dépositions, le rapport de médico-légal, les enquêtes et d’autres formes d’examen sur la “victime”. Il y a quelques mois, nous avions eu l’honneur d’organiser une conférence débat autour de ces thèmes: Enquêtes préliminaires par les OPJs (paneliste, le commandant de la Brigade Speciale de Protection des Personnes Vulnerables – BSPPV) et les Modalités de constitution de parties civiles pour la défense des droits de l’enfant ( paneliste, le Président du Tribunal pour Enfants).

Durant ces 3-4 derniers jours, on assiste à une banalisation des actes d’agressions sexuelles et à une poussée de culture de viol qui devient très inquiétante.

L’agression sexuelle est toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise. Par exemple, des attouchements. S’il y a eu pénétration, il s’agit d’un viol.

Selon nos expériences dans les dossiers de viol, toute personne accusée bénéficie d’une présomption d’innocence tant qu’elle n’a pas été condamnée par la justice. Et toute “victime” a  droit à la protection de sa personne et ne pas être livrée à la vindicte populaire, cela s’appelle protection de la victime.

Le lieu, la boisson que l’on boit, la manière de s’habiller n’est pas une invitation au viol. Et, à un moment donné de l’acte sexuelle, le partenaire doit entendre et comprendre que NON signifie NON et doit par conséquent savoir ne pas aller au delà de ce NON même quand on est dans un jeu sado-masochiste.

Dans le cas du journaliste et de la jeune femme, l’enquête suit son cour normal et l’on doit s’abstenir toutes opinions visant à mettre pression sur les OPJs dans leur enquêtes préliminaires et la justice, une fois que le dossier sera transmis. Il convient à la justice d’aborder un dossier en toute sérénité et de façon équitable et paritaire.

Quand à nous, Protection Fille Femme de Guinée, nous comprenons la pertinence de ce cas d’agression sexuelle et nous exhortons tous à la retenue pour ne pas que ce seul cas définisse le combat contre le viol en Guinée. Il faut s’abstenir de banaliser, d’en faire une moquerie, de recourir au culte de la personnalité pour disculper une personne et condamner le second dans l’opinion publique.
Nul n’est au dessus de la loi et chacun doit répondre de sa forfeiture devant la loi, et c’est à la justice seule de tendre une sentence à un tiers.
En tout état de cause, cette affaire qui défraie la chronique en Guinée ces dernières heures est un cas d’école et savoir raison gardé doit être la devise de chacun de nous.

Ayant fait toutes les analyses avec les informations nécessaires, sur ce cas, nous clôturons cet article, en réitérant notre soutien à toutes victimes de viol ou d’agressions sexuelles et condamnons avec la plus grande énergie toutes formes de violences à l’égard des filles/femmes.
Nous demandons également à l’opinion de laisser les enquêtes suivrent leur cour normal afin que justice soit dite dans cette grave affaire.

Pour lutter contre les agressions sexuelles, nous avions initié il y a quelques mois une plate-forme appelée #Wonkeli” qui est un projet de lutte et de plaidoyer contre les agressions sexuelles grandissantes dans notre société guinéenne. Rejoignez nous y pour lutter pour le droit des victimes et pour une justice équitable.

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